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Affichage des articles du novembre, 2021

Ça

    On trouve pas ça dans le bottin Et l’évangile n’en souffle mot je crois Les psaumes ne sont pas franchement cabotins Son apprentissage est un chemin de croix   Ça ne s’apprend pas à l’école de la république Rien dans les bouquins de classe Les manuels scolaires sont trop pudiques Au fil des pages, de ça pas une trace.   Rien dans l’encyclopédie de Diderot Pas la moindre litote Pas de schéma dans la grotte de Lascaux Pas un indice chez Platon ou Aristote   Rien dans la Bible, à part dans la Genèse Et encore…Eve au jardin d’Eden Adam fait d’une poignée de glaise Pas de quoi décoiffer la Bigouden !   Parfois on appelle ça « la chose » Mais on se fout de nous : Les filles naissant dans les roses Et les petits garçons dans les choux !   On appelle aussi ça le plaisir des Dieux Mais sur les pyramides aucun hiéroglyphe Pour nous ouvrir les yeux Pas le moindre testament apocryphe   J’aurais tout donné pour un simple conseil

Le dernier des mots est quand ?

  Où sont-ils donc passés, les fiers voleurs de feu* Grands bandits des bûchers, les pyromanes de l’âme Qui jadis allumaient l’amour sous nos cheveux Et incendiaient nos cœurs, en soufflant sur les flammes   Noyés dans l’océan, où ont-ils fait naufrage Frêles esquifs fragiles, de tempêtes en dérives Péris les capitaines, avec eux l’équipage Corps et biens sous l’amer, sombrés les bateaux ivres   L’albatros est en cage, hélas faute de plumes On a coupé les ailes, écrasé sous l’enclume Les oiseaux dans le ciel et leurs rimes enfantines   Orpailleur de clarté dans la boue du réel Je suis seul survivant, braconnier d’étincelles Malgré tout je moissonne les aurores clandestines   *Pour Rimbaud, le poète est un « voleur de feu »  

M’aurais-tu aimé ?

    Si j’étais cet endroit Entre le cœur et l’espérance Un silence abandonné sans verrou Où les vents trouvent refuge Quand il n’y a pas de marins à noyer Pas de corde à linge à déshabiller Pas d’oiseaux à dérouter Ni jupon à déflorer Me visiterais-tu Toi la sédentaire lumière Aux semelles de marécages Aux griffes de soie Si j’étais une offrande Aux pieds d’une statue de paille Où l’araignée fait sa toile A l’abri des aubes saignantes Derrière la muraille où chuchotent Les océans radieux, Me porterais-tu autour du cou Comme un lierre enroulé à tes jambes Sous le déluge de la rosée défunte Un tourbillon enfantin enlacé A la brisure de ton âme ? Ton regard saurait-il me délivrer des chaînes de l’attente Que tes doigts avaient cadenassées De tes cheveux inapprivoisés ? Si j’avais labouré le ciel Pour y planter l’or de contrebande Pour corrompre les foudres, M’aurais-tu laissé braconner quelques rêves Dans le dédale d’orties aff

Comme….

  Comme un mendiant drapé de ciel avec le trottoir pour oreiller Comme le nourrisson à l’orphelinat, bêlant pour une mamelle d’emprunt Comme un cauchemar que l’aurore ne viendra pas réveiller Comme le lichen desséché sur la roche lorsqu’il est privé d’embruns   Comme une ecchymose, vestige de combats perdus contre des moulins Comme l’écho d’un râle mourant dans le vide d’une maison fantôme Comme le sculpteur qui renie avec dégoût l’œuvre de ses mains Comme le déguisement de jeunesse tombé aux pieds de ma peau d’homme La banquise et le désert étaient mes contrées Je n’avais pas de pays avant de te rencontrer   Comme un soupir qui ne trouve en aucune bouche son issue de secours Comme un billet de métro piétiné par des pieds indifférents sur les quais Comme un marcheur déboussolé à chaque nouveau carrefour Comme le coquelicot qu’on ne mettra jamais en bouquet   Comme le portail décharné tombé de ses gonds rouillés Comme le combattant aguerri prêt à to