M’aurais-tu aimé ?
Si j’étais cet endroit
Entre le cœur et l’espérance
Un silence abandonné sans verrou
Où les vents trouvent refuge
Quand il n’y a pas de marins à noyer
Pas de corde à linge à déshabiller
Pas d’oiseaux à dérouter
Ni jupon à déflorer
Me visiterais-tu
Toi la sédentaire lumière
Aux semelles de marécages
Aux griffes de soie
Si j’étais une offrande
Aux pieds d’une statue de paille
Où l’araignée fait sa toile
A l’abri des aubes saignantes
Derrière la muraille où chuchotent
Les océans radieux,
Me porterais-tu autour du cou
Comme un lierre enroulé à tes jambes
Sous le déluge de la rosée défunte
Un tourbillon enfantin enlacé
A la brisure de ton âme ?
Ton regard saurait-il me délivrer des chaînes de l’attente
Que tes doigts avaient cadenassées
De tes cheveux inapprivoisés ?
Si j’avais labouré le ciel
Pour y planter l’or de contrebande
Pour corrompre les foudres,
M’aurais-tu laissé braconner quelques rêves
Dans le dédale d’orties affamées de mes chevilles,
Abreuvées des griffures de ma chair ?
M’aurais-tu aimé jusque dans ma caverne
Enseveli sous le varech et la houle
M’aurais-tu aimé, soldat ingénu
Momifié dans la fougère
Hermétique à l’orgueil
Déserteur des sentiers de la gloire
Ame tuberculosée par un itinéraire impudique
Au carrefour du vide et du néant
M’aurais-tu aimé
Si je n’avais été que moi ?
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