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Affichage des articles du décembre, 2021

Le lointain est ma demeure

J’ai fui mon pays aux abominables frontières Qui met des serrures aux innocents paysages Avec juste une clé de sol pour ouvrir la terre Et je suis devenu citoyen du voyage   J’aime les ailleurs pourvu qu’ils soient surtout devant Le regard sur des horizons aléatoires Fils du soleil vagabond aux semelles de vent Dans la déchirure des sentiers jubilatoires   Tel un palais aux colonnes d’ajoncs sur les berges La rivière reflète mon visage, moqueuse vitrine Ce soir je dormirai dans la grange d’une auberge Pour oreiller une serveuse à large poitrine   A défaut de dîner d’une accueillante bouche Dont mon gros ventre affamé ferait ses délices Je grignoterai une fleur, assis sur une souche Avec le sel de la vie comme unique épice…

Nuit du chien noir

  Le soleil couchant maquille l’horizon A petites touches Comme une prostituée des bas quartiers ; Trait de crayon, Rouge à rêves sur la bouche La lune borgne enfile son dentier Du rose et de l’oranger sur les falaises Fard à joue sur les fadaises. La nuit tombe comme une guillotine Décapitant les remords innocents ; Les étoiles assassinent Les derniers recoins sombres réconfortants. Les dents écarlates de la nuit mordent ma chair Et déchiquètent mon amnésie Ses loups indomptables comme l’éclair Domestiquent ma soif d’hérésie. Elle aboie aux fenêtres Effrayant le troupeau des anges du sommeil Elle va pouvoir se repaître Des lassitudes qui reposent entre mes oreilles. Elle est le nombril des attentes vaines Où exultent les tornades La nuit dans sa chute entraîne Un éboulis de mélancolie fade Elle se disperse et pénètre Le squelette des égarements Qui respirent aux fenêtres Les suffocations par fragments. Elle s’installe pour une

Perdu

    J’ai perdu pied, perdu le nord je crois Perdu les pédales, perdu mes moyens Perdu la face, perdu la foi Perdu patience, perdu mon latin   J’ai perdu la boussole Perdu connaissance, tombé à terre Perdu du poids, perdu la parole Perdu une occasion de me taire   J’ai perdu mon travail Perdu la raison, perdu la tête Perdu courage, perdu la bataille La foule n’en perd pas une miette   Sur la vie j’ai perdu du terrain Alors n’ayant plus rien à perdre A perdre haleine, à fond de train Avant de perdre de ma superbe   Sur les sentiers perdus, les portes dérobées J’ai hurlé ton nom, mais en pure perte Tu n’es pas au guichet des objets trouvés C’est peine perdue, à jamais tu me désertes                

A peu près n’importe quoi sur environ pas grand-chose d’approximatif

  Alizée, mon Alizée, tu as soufflé sur ma vie Un vent de fraîcheur Avec ton sourire de Mona Lisa tu as ressuscité l’envie Rallumé mon cœur Comme des braises qui s’embrassent Et des flammes qui s’étreignent Tu as percé ma cuirasse Mis à genoux ma volonté souveraine J’ai accroché ma veste et mon chapeau Au pays lointain de ta peau Mon cœur ventriloque murmure Des mots d’amour que je ne connais pas Mon ombre comme une boursouflure S’accroche au sillon de tes pas Où allais-tu quand tu rentrais tard De chez ces copines imaginaires Avec tes simagrées de canard Entre ronde de nuit et onde d’ennui mortifères Parfois tu ne rentrais qu’au matin L’alibi ne fait pas l’aumône Tu consolais distraitement mes chagrins Déclarant que tu étais indépendante et autonome Je me disais mieux vaut ternir que pourrir Je tenais à toi comme la tonnelle de mes aïeux En silence je me regardais souffrir Sur tes frasques je fermais les yeux Puis je suis tombé sur