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Affichage des articles du avril, 2022

Fuir…

  Fuir ces gens qui en savent trop Et prétendent m’enseigner mon propre sang Juchés sur mes épaules Comme des contrebandiers de certitudes provisoires, L’arrogance en bandoulière. J’ai labouré ma chair Pour y semer l’ignorance En plus profond de l’os, Pour cultiver l’oubli Et noyer la culpabilité du savoir. Fuir…fuir ailleurs, encore plus ailleurs… J’ai ficelé leur science arrogante Aux totems barbares Avec les lacets de mes souliers inutiles Depuis que je vais nu-pieds, Mes talons rouges des noces avec les épines. J’ai secoué ma tignasse De tous les acquis, tous les privilèges Au profit de l’intuition. Fuir…vers les destinations hasardeuses… J’ai sabordé la dernière balise, Ecrasé la dernière boussole Pour me faire alpiniste à main levée Des cordillères de mamelons Sur ma route assoiffée Fuir… dans le sillage de la tornade Enfanter le chaos salutaire Pour m’inventer d’autres naissances A la lisière de l’invisible Calligraphie

Gamin

  Je ne suis que le morne habitacle La tanière sans hublot Où la lumière est veuve, De ce gamin résiduel Qui squatte les ruines de mon corps. Interdit de séjour au pays de la conscience, Fatigué de ressusciter des soleils agonisants Enfantés par le silence J’entends les rires se taire Dans les clapotis des rêves A contre-courant des alizés. Môme aux yeux couleur d’ecchymose A l’enfance ceinturée Je n’étais pas un vandale Souillant des caravanes Contre lesquelles les chiens étaient muets : J’attaquais des diligences imaginaires Comme un desperado romantique Je ne volais pas les barques dans le port de Porscave : Je réquisitionnais au nom des corsaires du roi Des frégates contre l’envahisseur viking Je bégayais des ciels perdus Dans les remous de mes alibis jubilatoires Je grignotais des quignons d’amour Entre deux indigestions de mépris J’ai cherché dans les bouquins La foi qui délivre Ils furent mon bouclier dérisoire Car la sag

Prophète au chômage

  Depuis longtemps j’ai déserté les inutiles batailles Avalant des étoiles pour éclairer mes entrailles J’ai mis des lambeaux de cœur bout à bout Pour franchir à gué les torrents de boue   J’ai mis des échasses aux souliers de mes rêves Et j’avais la ciguë au bord des lèvres Sans réussir à piétiner mes colères frileuses Manquant d’imagination pour entrevoir une fin heureuse   Je dilue du lointain dans les yeux du rivage Je construis des radeaux pour mes futurs naufrages La nuit cannibale a faim de souvenirs C’est de ma mémoire qu’il faudra la nourrir   Cultivateur d’arc-en-ciel au Sahara J’ai dû les irriguer de mes larmes faute d’oasis Mes semailles d’équinoxes sont mortes du phylloxéra Et ma moisson d’orgueil ignore la catharsis   Et mes poèmes fraternels ont prêché la bonne parole Cachant sous ma casquette les épines et mon auréole Les hommes sans foi m’ont traité de vulgaire poète Ignorant que j’étais le dernier des prophètes….