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Affichage des articles du janvier, 2022

Je suis né à Quimper

  Quand je vois un cul de jatte, ça m’épate (lui qui n’a plus les siennes).A-t-il   fait exprès de perdre ses jambes, comme un gecko sa queue ? Ça me fait une belle jambe. Quand je vois un manchot, les bras m’en tombent : Je lui propose un coup de main, hier comme aujourd’hui. Je lui demande qui l’épaule, et s’il se berce d’illusions, s’il travaille, maintenant qu’il ne peut plus mettre la main à la pâte. Ses cubitus sont-ils tombés comme feuilles à l’automne ? A-t-il planté ses humérus dans l’humus, pour qu’ils poussent ? Comme c’est repoussant ! On me dit que non, bien sûr, aucun humain ne se défait volontairement de sa chair, c’est un accident. Pourtant ma mère, elle, s’est séparée de sa chair, le jour où elle m’a déposé dans un panier sur le trottoir devant la mairie. Est-ce que la mère rit devant ce coup fin ? Ce devait être un accident, ou elle était distraite, je suis tombé du porte-bagage. Mais non, personne n’est venu me réclamer. Ça a dû aller trop vite, j’ai raté l’effet-m

Tic...Tac...

  Tic, tac,   Il n’y a qu’un remède à l’arrogance de la jeunesse Tic, tac,                         Manque de chance, c’est la décrépitude de la vieillesse Tic, tac, La grande aiguille et la petite Tic, tac, Elles sont passées très vite Tic, tac,                        Les filles et les femmes Ont fait long feu dans les flammes Tic, tac.                         On a brûlé notre jeunesse                         On ne comprend pas cette soudaine faiblesse Troc, troc,                         Petit con, j’échangerais bien ton ignorance                         Contre ma sagesse et une seconde chance                         J’te file   ma maison, mon pognon ma bagnole Froc, froc,        Contre ce que t’as dans ton froc, une bonne gaule   Moc, moc,        Moque-toi de ce vieillard et de ses tics et ses tocs Tac tac              Ce croulant que tu attaques                         Etait déjà au taquet quand tu chiais encore dans ton froc          

Fillette

  Fallait pas fillette Papa t’avait prévenue T’amouracher d’un poète Tu vivras le cul nu   Il est gentil ce doux dingue Mais il n’aura jamais de pognon Pour te payer des fringues Tu boufferas la pomme jusqu’au trognon   T’aurais faim plus souvent qu’à ton tour Tu seras toute maigrelette C’est pas sérieux les troubadours Fallait pas t’amouracher d’un poète   Bien sûr il est mignon Ça te change des mandales De ceux qui t’filaient des gnons Mais qui paiera ton casse-dalle ?   C’est pas ses rimes qui feront sa gloire Trois chansonnettes et quelques airs Ça paye pas à manger et à boire Tu connaîtras la soupe populaire   Hélas ma fille toi t’es une rêveuse Pardon si la leçon est un peu sèche Mais je ne t’ai jamais vue aussi heureuse J’oubliais qu’on peut vivre d’amour et d’eau fraîche…    

Dix mémos pour dire mes maudits maux sans mot dire

  I Je disperse les mots pour trouer le silence L’écho-système ne raisonne que dans le vide de sens Ceux que j’ai en stock, je les écoule pour les laisser flotter Jusqu’à ce que la vérité vienne s’y frotter Je les pétris comme je les peints Je les bricole contre l’ordre établi Des mots allumés que j’étreints Que mon corps serre comme des pirates anoblis   II Ils n’appartiennent à personne, les mots convolent à l’envi Je les console de jeux interdits Je les aiguille quand ils sont perdus sans faire de foin Je les murmure aux cyprès, je les crie de loin Au moindre coup de vin je devine leur grâce divine Je les dissimule aux ânes car ça les éduque Je les oublie quand passés de mode ils deviennent caducs Autant à l’autre qu’à l’un je les câline Je diverge quant à leur nature basique ou alcaline   III Je dis nos chandelles dans le ciel en guise de soleil Je dis nos ors aux aurores en parure de vermeil Je divague quand j’écume de rage contre l’amer Je prends le large quand tout m’atterre Je

En apnée-gation

    Scaphandrier des ab î mes, explorateur de crevasses J’ai flotté dans les moindres interstices de l’insurrection En quête de renouveau tangible ou fugace Traversé l’épreuve par le neuf, évitant de régler l’addition. Dans l’écorce de l’oubli je sème la lumière Je récolte le souffle des ébriétés approximatives Le brouillard me dispense de paupières Et m’épargne les déluges des plafonds à la dérive. Pleure, mon fantôme, mon ombre, mon cadavre sursitaire Je sais que les larmes ne guérissent pas le chagrin Elles creusent le sillon des futures moissons adultères De tes infidélités à tes convictions de gamin. Tu as trahi celui que j’allais devenir, alors souffre en silence Ou hurle aux épaves fraternelles une oraison révoquée. Epure jusqu’à la rupture la renonciation de l’enfance Et assume la grandeur trahie par les bourrasques de hoquets. Consume l’illusion aveugle et sourde qui te tient lieu de gloire Vodka thaumaturge pour apprivoiser les ambition