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Affichage des articles du février, 2022

Rivages à la dérive

  J’ai sabordé mon radeau d’échardes Et déposé ma légende Au creux des flots Où la vague m’invente D’autres naissances primitives Le sable sur ma peau Efface les caresses d’orties Les barbelés ne sont plus que goémon Les melkarns des barreaux franchissables D’une prison à crâne ouvert Les bateaux frileux sont restés au port Et les goélands cachés dans le ventre des falaises ! Il n’y a que mes épaules Pour découvrir d’autres Amériques Les rivages à la dérive Accouchent de nouveaux horizons Ma respiration liquide Mue en scintillements revêches Le rempart des mots se fissure Au granit des envies refoulées Reste le brasier des rêves Que la marée viendra lécher Et de ses remous me faire une sépulture Où quelques chimères resteront accrochées Comme des berniques fraternelles infrangibles Mon squelette rejeté par l’écume Blanchit sur une grève : L’eau salée ne guérit pas les plaies Elle crevasse les blessures Il faudra apprendre à re

Ce n’est pas un métier que d’être poète !

Doux farceur, illusionniste dératé des ratures Imposteur de colibri de la littérature Funambule saltimbanque sans crédit Vendeur d’amphores pour pas un radis Enfermé entre trouvère et ménestrel Contrebandier de vérités aux frontières du réel Ce n’est pas un métier que d’être poète Charognard des mots, vulgaire gypaète ! Une écharpe sur le regard pour n’avoir pas froid aux yeux Apôtre du mensonge, prophète du diable insidieux Alchimiste obsédé d’embellir le moche A coup de rimes farfelues dans sa caboche Pour nous en boucher un coin, il jette le bouchon un peu loin D’un tissu de bêtises il invente le mouchoir à essuyer le chagrin Ce n’est pas un métier que d’être poète Voleur d’émotions comme un pickpocket ! Messie des évangiles de la dernière chance Grossier grossiste travestissant les rêves en croyances Anarchiste faussaire qui professe aux vaincus Que malgré tout, la vie vaut d’être vécue C’est en chantant dans le vent qu’il gagne son pai

Passager clandestin de l’éphémère

  Je hais ces certitudes Qui avec l’âge viennent habiller De crépuscule les frontières de l’imaginaire Où je venais consoler ma solitude Et tenter de lui faire oublier Que la foule parfois est tortionnaire                                         Qu’elle impose sa vérité Comme s’il n’y avait d’autre morale Que celle des siècles d’erreurs ! Orphelin de pensée, je n’ai rien hérité Ni religion doctrinaire, ni logique carcérale Ma réalité change à chaque battement de cœur   Passager clandestin des évidences Mon dogme est précaire, ma foi transitoire J’ai bâti des royaumes d’illusion sur le sable Pour donner aux étapes de ma vie une seconde chance Ne pas être le troglodyte de mes trous de mémoire Me désaltérer aux sources des croyances périssables   Et d’une rime en battement de cils Un poème fugace, un alexandrin furtif J’ai bricolé un abri précaire Pour fuir les ouailles dociles Qui vénèrent les barbelés qui les tiennent captifs Je tolè