Prophète au chômage

 


Depuis longtemps j’ai déserté les inutiles batailles

Avalant des étoiles pour éclairer mes entrailles

J’ai mis des lambeaux de cœur bout à bout

Pour franchir à gué les torrents de boue

 

J’ai mis des échasses aux souliers de mes rêves

Et j’avais la ciguë au bord des lèvres

Sans réussir à piétiner mes colères frileuses

Manquant d’imagination pour entrevoir une fin heureuse

 

Je dilue du lointain dans les yeux du rivage

Je construis des radeaux pour mes futurs naufrages

La nuit cannibale a faim de souvenirs

C’est de ma mémoire qu’il faudra la nourrir

 

Cultivateur d’arc-en-ciel au Sahara

J’ai dû les irriguer de mes larmes faute d’oasis

Mes semailles d’équinoxes sont mortes du phylloxéra

Et ma moisson d’orgueil ignore la catharsis

 

Et mes poèmes fraternels ont prêché la bonne parole

Cachant sous ma casquette les épines et mon auréole

Les hommes sans foi m’ont traité de vulgaire poète

Ignorant que j’étais le dernier des prophètes….

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