Gouérou
Ici n’est pas qu’une plage mais le berceau d’une tribu
Notre histoire se mélange au sable et aux rochers
Dans le granit du Gara Gurun sont gravés la fin et le début
Sur la falaise la mémoire familiale accrochée
Photo dans les bras de ma mère, nourrisson
Ici dans le goémon bat le cœur de Lampaul
Premiers pas dans l’eau, premiers frissons
Avec mon père premières parties de football
Terrain vague de mes aventures imaginaires
J’ai bâti des cathédrales de rêves
Avec la mer et le vent pour partenaires
L’océan m’a tout appris et j’étais bon élève
Ici tout s’invente et se réincarne
J’étais chevalier du roi Arthur
Blason de coquillages, un bout de melkarn
Et me voilà armé de l’épée Excalibur
Je me prenais pour Colomb ou Magellan
Souverain auréolé d’une couronne de goélands
Serviette de bain en éponge pour habit
Je devenais sur le sable Lawrence d’Arabie
De surprises cette plage n’a jamais été radine
Ici à Porz-land un congre m’a mordu
Tandis que je chassais le crabe sardine
Entre la Tête de mort et le Toul-du
J’y ai vu par une nuit de novembre
Eblouie dans la lumière des phares
Nager nue une sirène tendre
Légère sur l’eau comme un nénuphar
Frileuse apparition vêtue d’un manteau de brume
Elle étincelait comme une étoile dans les vagues
A son cou pendait une écharpe d’écume
Elle proposa de se passer au doigt une bague
La vie est une comédie, ceci est mon théâtre
Et le jour fatal du baisser de rideau
Je ne viendrai plus y combattre ni m’ébattre
Mes cendres s’y éparpilleront au fil de l’eau.
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