Dernière frontière
Te souviens-tu de cette sauvage brûlure grisante
Ventre qui se frotte aux hasards de l’existence
Frémissant devant les aventures avenantes
Aléas du ciel et les caprices de la chance ?
Ces regards sanguins qui perdaient toute la raison
De tes sens en éveil reniflant les chimères
Ivres de se coucher enfin au bras des saisons
Dans le moindre interstice accueillant de la terre
Des rencontres par le regard rendues possibles
Par ton œil sans nuances tant de rêves comestibles
Que les heures du temps ont avalé à ta place
Affamant tes lèvres inutiles qui perdent la face
Parfois surnagent encore de frêles pâmoisons
Le spectre d’une mamelle que ta bouche voudrait traire
Fugitives collines callipyges à l’horizon
Cœur et âme résignés soumis à l’arbitraire
Fugace réminiscence de tes printemps fanés
Tu n’as plus faim d’éternelles crevasses provisoires
Où plonger ta petite mort le temps d’un soir
La grande, la vraie, tu l’aperçois déjà planer
Tu as cueilli aujourd’hui ta dernière cerise
Respiré ta dernière douce couche de bruyère
Et tu pleures l’inéluctable voyage sans valises
Qui t’emmènes encore nu vers la dernière frontière
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