Conseils d’un père
Alors mon fils tu crois pouvoir dire
La différence entre vérité et mensonge
Entre le meilleur et le pire
La fausse réalité et le vrai songe
Entre les silences inquiétants
Et les bruits de foule qui rassurent
Le feu d’un regard brûlant
Et la glace qu’on brise d’un murmure
Reconnais-tu la haine de l’amour
Et l’été de l’hiver
Quand naît la nuit et meurt le jour
Aujourd’hui c’est déjà demain et encore hier
Penses-tu qu’on échange
Les héros contre des lâches
Les choses simples pour des mystères étranges
La débauche contre une vie sans tâches
Et saurais-tu reconnaître
Les grimaces d’amour et les sourires hypocrites
Les gens biens et ceux malhonnêtes
Les paroles réfléchies et les mots dits trop vite
Connais-tu des milliardaires
Qui échangeraient leur fortune contre la misère
Combien d’aveugles donneraient leur vie entière
Contre un peu de lumière
Donnerais-tu ton cœur
Au cardiaque qui se meurt
Quand on ne tend même pas la main
A l’enfant qui a faim
Alors tu crois pouvoir dire
La différence entre anges et satyres
La fermeture et l’ouverture des portes
Le vent qui t’arrête et celui qui te porte
Entre les garde-fous d’acier
Et les cordes des pendus
Qui pour limiter les excès
Permettent qu’on tue
Entre les plaines vertes qui emprisonnent
Et les prisons qui parfois libèrent
La ville qui se tait et le désert qui résonne
Le tyran libérateur et le président tortionnaire
Fais-tu la distinction entre drapeau
Et vulgaire étendard
Les somnambules qui dorment tôt
Et les coqs qui chantent tard
Crois-tu qu’une étincelle
Allume un cœur humide
Que les idéologies soient belles
Quand les estomacs sont vides
Entends-tu le chant des enfants
Peut-il couvrir celui des canons
La paix qu’on achète, la guerre qu’on vend
Qu’on refuse en disant oui, accepte en disant non
Il arrive qu’on gagne plus dans la défaite
Que ce qu’on perd dans la victoire
Qu’on se fasse une fête
De quelque chose de dérisoire
Mon fils je ne suis pas un puit de science
Je ne sais pas tout du mal et du bien
Je sais surtout que mon expérience
Si tu ne l’as pas vécue ne sert à rien
C’est ça que je trouve dommage
Tout serait tellement mieux
Si l’on pouvait être sage
Sans être déjà trop vieux.
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