La parole assassinée
Que n’as-tu vu, McBeth, la forêt s’avancer,
Mienne j’ai vu reculer jusqu’à l’exil,
Elle n’est plus que cendres l’Armorique
Semences perdues au vent des falaises, d’arbres pas assez
Guère plus que le granit pour reboiser nos iles
Nos peines sont rebelles, nos peurs anecdotiques.
Rage : est-ce qu’on irrigue avec de trop violents orages ?
Haine : est-ce que l’on prostitue le troupeau pour la laine ?
Colère : faible est la lumière des éclairs et des tonnerres !
Orgueil : a trop vivre debout, des martyrs portons le deuil.
Il était jadis des sentiers ombragés menant à Kerievel
Une ombre salutaire auprès de la chapelle de St Egarec
Sous le macadam meurt la bruyère nouvelle
Ne vivons-nous que de défaites et d’échecs ?
J’ai en bouche gout âpre et amer
Lorsque je souhaiterais réminiscence du lait de ma mère
Des accents faux et rances
Du langage de France
Il est dans ma tête des images d’Eden
Que je ne sais décrire en mots maternels
Des visions d’Adam le Chouan et Eve la bigouden
Du temps ou l’Armor était jardin éternel.
Qu’on ne nous raconte pas d’histoires, même en breton
Le serpent, la pomme, la n’est pas le péché originel
Comme mes ancêtres je crache par terre et je hausse le ton
Le crime est de désapprendre le vrai sous prétexte d’universel
Alors à l’envi et jusqu’au rendez-vous avec le caveau
Je trinquerai au son des « Yehed Mad » interdits
A la rigueur du latin pour mon final « Kenavo ! »
Le plus important sera ce que je n’ai jamais dit.
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