Le dompteur
Depuis tout petit ils me fascinent et je les crains
J’ai surmonté ma peur pour les dresser
D’abord pour épater les filles et frimer devant les copains
On n’y arrive pas au premier essai.
Je claquais des doigts et je les alignais
La main tremblante je les soumettais à ma volonté
J’étais curieux des espèces rares et exotiques
J’allais les chercher aux quatre coins du monde
Pour les apprivoiser du regard
Pétrifié quand ils montraient les crocs
Il y en avait des doux et des féroces
Des récalcitrants qui me résistaient
Mais je les confrontais dans une épreuve de force
Bien en rang, serrés, obéissants
Les remettant ensuite en cage
Par la force du langage.
Ils étaient censés être mon gagne-pain
On ne peut pas dire qu’ils ont fait ma fortune.
Puis un jour j’ai décidé de les libérer
De renoncer à les faire obéir
Je vis toujours avec eux, mais pas en maître
Ils rentrent par la porte, sortent par la fenêtre
Comme bon leur semble
On n’apprivoise jamais tout à fait les mots
Même le meilleur des dompteurs
N’est que leur serviteur.
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