Tu seras une femme, mon fils (à Rudyard Kipling, à Zizou mon fils)

 


 

Si tu peux voir des truies et des porcs en chaque humain et malgré cela tendre la main à autrui, dire ses vérités sans sévérité à chacun, sans velléité de déshériter ton prochain de son intégrité ;

Si tu t’abstiens d’être un con jugeant normal de conjuguer la femme comme un devoir conjugal de temps en temps, si tu admets que la femme n’est pas l’avenir de l’homme mais son présent le plus précieux car elle l’a surpassé ; si ta vie de famille, c’est les joies du passé recomposé de tous les instants imparfaits où le futur hanté, rieur, est enterré par le subjectif pour faire simple et botter le postérieur de la fatalité ;

Si, séparant le bon chagrin de l’ivraie, tu sais te délivrer des livres pour livrer à la vie un combat acharné contre les charniers, cherchant, livide sur un lit vide de remords, l’ivresse livresque d’écrire sans la décrire ta propre histoire rimée, arrimé à rien sinon à des rythmes aériens au sang sûr immédiat sans censure des médias;

Si tu t’adresses aux cieux soucieux des soucis des saintes amies victimes des sourcilleux sectarismes sarcastiques dont tu soustrais l’attrait par les traits très lettrés ;

Si tu penses que ce qu’a fait la courtisane est volonté au cours de vos longs thés et courtes tisanes, et que la volupté est voulue et non vice de novice et respectes toutes les femmes comme des sœurs sans sacrilège de ce cri léger de pâle inceste où tout amour renaît comme sur un palimpseste, célébrant leurs faveurs avec ferveur sous un voile de tulle et de mousseline épurée ;

Si, sous toutes latitudes, tu gardes l’attitude de gratitude pour chaque baiser apaisé consolant un désert de désir où des ires te désignaient comme niais, niant tes aptitudes à t’élever en altitude ;

Si, résident de la résilience à l’acide lucidité, avec assiduité tu aimes en secret et que ton invisible amour invincible est le disciple de l’indicible, que ta pudeur irascible est la cible si bleue de moqueries inadmissibles dont l’ampleur te laisse en pleurs ;

Si en ville à ceux qui t’avilissent et te veulent veule valet de leur Vaudeville avalant l’avalanche de leurs valeurs, tu dis non et offres aux vieux valétudinaires un diner ordinaire de vin, de vie et de joie et si tu peux honnir sans monter sur tes grands chevaux ces veaux dévots qui te haïssent pour ce que tu vaux, ignorant d’un soubresaut ces sombres sots, considérant l’ochtocratie comme la loi des loques ;

Si à la vieillesse qui te gifle tu tends l’autre joue et avances vers la jouvence, quand les secondes sont minutées, les heures se meurent et les jours abrègent leur séjour, le sablier semblant s’oublier quand la clepsydre se vide comme une crêpe au cidre, pour réciter un récit de réciprocité si proche de la cécité que tu sois aveugle aux différences de genre qu’engendre les gens dans notre genre de société ;

Si tu sais apprivoiser les délices d’une peau lisse sans te gendarmer et des lits délivrer des délits délicieux sous d’autres cieux que ceux soucieux d’assombrir les geôles où tu cajoles des cageots qu’a jetés là la lascive marée pour se marrer ;

Si tu fais rire sans coup férir et que ton humour n’est pas moqueur mais mots du cœur, comme paraissent ceux, lazzis pas lazy, que tu offres en rêves-errances ;

Si tu sais en cent soirs parfumer les cent heures d’une histoire d’un soir et tisser comme la route de la soie la déroute qui mène à soi ;

Si tu t’insurges contre tout ce qui divise et ne trouves pas tarte gnangnan la devise « Un pour tous, tous pour un », si tu résistes contre l’impur purin au nom de cette monade nomade  iréniste au sectarisme sexiste innommable, insipide limonade ;

Si tu sais effleurer les fleurs qui affluent comme le fait un fleuve sous l’effet des fées festives où nous mènent ces phénomènes fébriles brillants et concocter des philtres sans filtre pour te désaltérer sans altérer ta soif d’être un mari honnête sans être marionnette ;

Si tu sais être agile sans être statue aux pieds d’argile et bâtir sur le sable des empires périssables avec la force du roc et tenir le choc, être fragile mais inclassable et te régaler sur des plages passables amarré à tes convictions ;

Si tu peux entendre les monologues du vagin et entamer un dialogue avec le cri torride du clitoris sans clabauder comme un âne, tu te verrais vénérer sans t’énerver la vraie diversité, enjoué par le jeu des joutes joue contre joue sans enjeux ajoutés de juter ;

Si tu penses que l’amour est un trésor qui n’enrichit que s’il est partagé, qu’on ne l’économise pas et qu’il demande plus d’investissement que l’on en retire de profit (c’est tout son intérêt d’ailleurs), si tu fuis le faste hideux comme inutile et fastidieux et l’éthique tombée si bas qu’elle est sybaritique ;

Si tu te méfies des tics méphitiques et offres en épopée ta prose aux poupées en une prosopopée vantant ton homélie d’homme élu, que ta vision syncrétique ne critique pas les seins et que sous la mamelle tu vois le cœur, sans succomber aux succubes et au coma idyllique, et si tu sais laisser aller à toi l’aléatoire feu des flammes fatales, si tu dis stop  aux dystopies ;

Si tu refuses les seconds rôles, fais la différence entre l’être et le parèdre, si tu limoges l’image, les tofs des héros, cette débauche des beaufs, pour que brille aux cent soleils l’essentiel des cent ciels, sans devenir ermite à temps plein ou cénobite nycthémère ;

Si, pas méprisant de celles qui se prostituent à la tâche, tu respectes la raie publique avec ton érection munie, si pâle, de boules au teint blanc ; cette raie si pro citée comme source de débauche que tu traites d’égal à égale avec régal et tendresse devant tant d’restes ;

 

Si tu perçois la planète comme un jardin arc-en-ciel où les nations ne sont qu’une notion et que les citoyens peuvent se bigarrer sans se bagarrer, si tu crois qu’un peuple qui change jamais n’effiloche son passé mais tisse son avenir, te rappelant que métis vient du grec « force de l’intelligence », et que comme une peinture un pays sage est un paysage sans vrai sang noir ou faux sang blanc mais 50 nuances de chances, n’en déplaise aux aigris ;

Si tu juges injuste et ridicule qu’une femme « perde sa virginité » alors qu’un homme « se débarrasse » de son pucelage, comme si l’une était trésor et l’autre fardeau,  si au lit tu ne « prends » pas une femme mais te donnes à elle, si jamais tu ne mens sur tes sentiments ; si tu vois en elle non une anonyme mais une nymphe synonyme d’homonyme à laquelle tu donnes non ton nom mais des hymnes en nombre, et jamais ne couches sans amour, te refusant à l’art seulement sexuel ;

Alors tu seras une femme, mon sacré fils, ou alors sans le sacrifice de tes attributs, bijoux de famille hérités de ta tribu, joyeux joyaux clandestins du destin de ton clan, ce qui s’en rapproche le plus : un homme bien !

 

 

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